Les propos de Nicolas Sarkozy sur la prédisposition génétique soulèvent un tollé chez certains généticiens. Lors de son entrevue avec le philosophe Michel Onfray dans le magazine Philosophie de mars 2007, le candidat à la présidentielle déclare : « J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable ». La pédophilie et le suicide d’origine génétique ? Face à ces déclarations, de nombreux généticiens de renom ont vivement réagi, comme Axel Kahn dans Marianne : « La vision d’un gène commandant un comportement complexe tel que ceux conduisant à l’agressivité, à la violence, à la délinquance, à la dépression profonde avec dérive suicidaire, est ridicule et fausse ».
Pourtant, le débat inné-acquis et ses dérives ne sont pas nouveaux. Ces déclarations ont réussi à rappeler que l’approche de la génétique peut être de droite ou de gauche. La vision de M. Sarkozy semble assez proche des théories comportementalistes très appréciées par la nouvelle droite américaine, qui estiment que ce sont les gènes qui prédominent sur les comportements devant l’environnement. Une idéologie libérale qui n’est pas sans rapport avec un projet de loi avorté de M. Sarkozy (et un rapport controversé de l’Inserm) sur la détection précoce des troubles du comportements chez les enfants de trois ans pouvant conduire à la délinquance… A l’opposé, une vision plutôt de gauche estime que les individus sont plus façonnés par leur environnement familial, social, historique et éducatif que par leurs gènes.
Si le tout génétique (qui incrimine l’individu en cas de problème) et le tout social (qui incrimine la société) constituent l’un autant que l’autre des impasses scientifiques et philosophiques, la part accordée à chacun n’est pas neutre politiquement.Source : Philosophie magazine – mars 2007