Face aux dangers de l’alcool, des médecins proposent dix mesures d’urgence, dont la fixation d’un prix plancher par unité d’alcool. En France, l’alcool est à l’origine de 49000 décès dont 15000 cancers.
Sommaire
- Les réels méfaits de l’alcool
- 10 mesures pour protéger des risques de l’alcool
Les réels méfaits de l’alcoolL’alcool est la deuxième cause de mortalité prématurée évitable après le tabac, première cause de mortalité des jeunes de 18 à 25 ans, première cause évitable de retard mental de l’enfant, deuxième cause d’hospitalisation et facteur favorisant ou déclenchant de 40% des violences familiales et conjugales, de 30% des viols, des agressions sexuelles et des violences générales et sur la route.Face à ces chiffres, des médecins dénoncent la “désinformation soigneusement organisée par la filière alcool” et “la nécessité d’agir à la fois sur la consommation de l’ensemble des consommateurs“. Ils proposent aux responsables politiques “un dispositif qui protège la population, dont les plus vulnérables d’entre nous, des risques sanitaires et sociaux d’un produit problématique“. Les signataires de cette tribune sont addictologues, spécialistes de santé publique, pneumologues… parmi lesquels Bernard Basset, Amine Benyamina, Irène Frachon, Serge Hercberg Michel Reynaud ou André Grimaldi (la liste complète est en fin d’article).10 mesures pour protéger des risques de l’alcoolLeur plan d’actions repose sur 10 mesures, dont les plus emblématiques sont la fixation d’un prix plancher pour certaines boissons (en taxant les bouteilles en fonction de leur contenu en alcool) et la mise en place de messages sanitaires plus explicites (fin de la mention “à consommer avec modération”, remplacer le message actuel par “L’alcool est dangereux pour la santé”).Dans le détail, les 10 mesures sont :
- Indiquer sur les contenants la quantité en grammes d’alcool et de sucre, le nombre de calories de manière claire, lisible et contrastée.
- Faire figurer sur les contenants et sur toute publicité pour une boisson alcoolisée un pictogramme clair, visible et contrasté marquant la contre-indication de toute consommation aux femmes enceintes.
- Inscrire sur les contenants et sur toute publicité pour une boisson alcoolisée la mention “l’alcool est dangereux pour la santé” de manière claire, lisible et contrastée.
- Interdire sur tout support toutes les mentions supplémentaires non légales du type “à consommer avec modération”.
- Interdire la publicité pour l’alcool conformément aux dispositions initiales de la loi Evin (interdiction de la publicité directe et indirecte dans les supports qui s’imposent à tous, forme réglementée sur tous les autres supports autorisés), et l’étendre au numérique (Internet, réseaux sociaux).
- Diffuser les repères de consommation de l’avis d’experts de Santé publique France et de l’Inca au travers de campagnes publiques multimédias et de tous les documents publics concernant l’alcool.
- Taxer l’alcool proportionnellement au contenu en grammes d’alcool et définir un prix minimum de vente par unité d’alcool pour toutes formes d’alcool.
- Mettre en œuvre et prendre en charge la prévention, le repérage précoce et l’intervention brève des consommateurs par les médecins, ainsi que le traitement des malades de l’alcool dans l’ensemble du système de soin.
- Financer une recherche indépendante par la création d’un fonds alcool abondé par les taxes sur l’alcool et sur les bénéfices des industriels de l’alcool.
- Publier un rapport parlementaire biennal évaluant la mise en œuvre et l’application de ces nouvelles mesures ainsi que l’application des textes existants dont les interdictions de la vente d’alcool aux mineurs, les “open bars” concernant tous les types de boissons alcoolisées, le sponsoring des soirées jeunes et toutes formes de parrainages sportifs et culturels… par des fabricants ou distributeurs de boissons alcoolisées.
Alors que les Ministres de la santé et de l’agriculture viennent d’inviter les représentants de la profession viticole pour les “associer aux politiques publiques de prévention“, les signataires interpellent le gouvernement et le Président de la République : “Ainsi, le président de la République et son gouvernement, auront à exercer leur responsabilité sanitaire, sociale, juridique et politique en choisissant entre nos 10 propositions et celles annoncées par la filière alcool. Ce choix se fera en toute transparence devant une opinion qui sera en définitive juge de la sincérité de l’engagement pour la prévention hautement proclamé par les pouvoirs publics“.