Grippe : une épidémie forte et longue, mais pas inédite

Avec 2765000 personnes touchées en 9 semaines, l’épidémie de

grippe 2012-2013 est considérée comme “une épidémie relativement forte et relativement longue“. Elle n’a cependant rien d’inédit, tempère Thierry Blanchon, responsable Inserm pour le réseau Sentinelles, un réseau de médecins chargés de surveiller le nombre de syndromes grippaux vus en consultation.

L’épidémie de grippe n'a rien d'inédit.

Depuis 1984, 2,5 millions de personnes consultent en moyenne leur médecin au cours d’une épidémie de grippe. Cette année, avec en 9 semaines plus de 2,7 millions de patients qui ont vu leur médecin, on est au-dessus de la moyenne“, commente Thierry Blanchon. La particularité de cette épidémie est sa durée. “Une épidémie de grippe dure en moyenne 9 semaines. Là, on en est déjà à la 9ème semaine, et on est toujours dans la phase ascendante, on n’observe pas de décrue épidémiologique“, précise le repsonsable du réseau de surveillance, ajoutant que l’épidémie devrait encore durer plusieurs semaines. C’est d’ailleurs cette durée plutôt inhabituelle qui entraîne un nombre important de cas, puisque le nombre hebdomadaire de personnes touchées n’a, là encore, rien d’exceptionnel.L’épidémie de grippe a démarré à la 51ème semaine de l’année 2012. Elle ne se distingue donc pas, sur ce point-là, des épidémies précédentes, puisqu’il s’agit d’une période “classique“ pour le démarrage de ce type d’épidémie, qui peut parfois débuter beaucoup plus tôt (début novembre) ou, au contraire, très tard dans la saison (début mars).C’est plutôt du côté du virus circulant qu’il faut chercher une explication. “Dès le début, toutes les souches grippales ont circulé : B, A(H1N1) et A(H3N2), explique Thierry Blanchon. Cette co-circulation participe certainement à l’ampleur de l’épidémie. A l’heure actuelle, c’est plutôt la souche B qui prédomine“.Une épidémie sans caractère de gravitéÉlaboré fin février par l’Organisation Mondiale de la Santé par rapport à ce qu’elle a observé au cours de l’hiver précédent dans l’hémisphère nord, le vaccin ne semble pas être en cause, selon le responsable Inserm. “Pour l’instant, on ne constate pas de différences entre les souches circulantes et les souches contenues dans le vaccin“, indique-t-il, soulignant toutefois que toutes les données seront analysées à la fin de l’épidémie.Fait important : l’épidémie de grippe ne présente pas un caractère de gravité particulier cette année. “Les cas graves ne sont pas plus importants que les autres années, le nombre de patients hospitalisés ou en réanimation n’est pas particulièrement élevé.“ Comme chaque année, les populations les plus touchées sont les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, qui ont peu rencontré le virus et qui vont le transmettre à leurs proches. “Les personnes fragiles, notamment les personnes âgées, sont soit vaccinées, soit ont développé une immunité au cours de leur vie“, suggère Thierry Blanchon.Pour sa 9ème semaine, l’épidémie de grippe n’épargne aucune région française, mais touche plus particulièrement le Nord-Pas-de-Calais (1 637 cas pour 100 000 habitants, soit plus de 10 fois le seuil épidémique), Champagne-Ardenne (1 169 cas/100 000 habitants), la Corse (1 146), Languedoc-Roussillon (1 062), Midi-Pyrénées (1 061), Rhône-Alpes (971), Auvergne (969), Centre (957) et Limousin (940).Amélie Pelletier
Sources
– Entretien avec Thierry Blanchon, responsable Inserm du réseau Sentinelles, le 20 février 2013.
– Bulletin du réseau Sentinelles du 20 février 2013

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