Plus de deux mois après l’ouverture du procès du Mediator®, le laboratoire Servier, qui comparaît notamment pour homicides involontaires, concède ne pas avoir “perçu le niveau de risque comme il l’aurait dû".
Sommaire
- Pas de “volonté de tromper ou de dissimuler”
- Le laboratoire Servier, “pas le seul” responsable
- L’information des patients “n’a pas été à la mesure du risque”
Le lundi 23 septembre 2019 s’ouvrait
le procès du Mediator®, un médicament antidiabétique qui, détourné de son usage principal pendant plus de 30 ans, a entraîné de graves troubles cardiaques chez des centaines voire des milliers de patients. Le laboratoire Servier, qui le commercialisait, a reconnu avoir eu “une mauvaise appréciation du risque” et fait “une erreur d’analyse”, rapporte l’AFP le 3 décembre.
Pas de “volonté de tromper ou de dissimuler”Emmanuel Canet, représentant de Servier, admet devant le tribunal correctionnel de Paris la “responsabilité” du laboratoire, mais affirme qu’il n’avait pas “la volonté de tromper ou de dissimuler” dans le but de maintenir le médicament sur le marché. “On n’a pas pris conscience qu’on se trouvait dans une situation semblable à celle des fenfluramines”, a-t-il précisé. L’Isoméride® et le Pondéral®, d’autres coupe-faim du groupe Servier qui contenaient le même type de substance active que le Mediator®, ont en effet été interdits dès 1997 après le signalement de nombreux cas d’
hypertension artérielle pulmonaire (HTAP).Le laboratoire Servier, “pas le seul” responsableMais Emmanuel Canet n’a pas manqué de rappeler que cette responsabilité est partagée avec l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’ANSM est elle aussi jugée pour “homicides et blessures involontaires”, ayant tardé à réagir face aux premières alertes sur le Mediator®. Le médicament n’a été retiré de la vente qu’en 2009. “L’analyse nous la faisons de façon conjointe avec l’Agence. Nous ne sommes pas les seuls.”L’information des patients “n’a pas été à la mesure du risque”Le représentant de Servier reconnaît également que l’information des patients sur les effets secondaires du médicament “n’a pas été à la mesure du risque”, mais “ce qui paraît être aujourd’hui une évidence ne l’était pas à l’époque. A tort, nous n’avons pas fait d’études cas témoins”, ajoute-t-il, jugeant les cas connus d’HTAP et de
valvulopathie “trop peu nombreux”.S’il affirme que la décision du retrait du médicament “était la bonne” et qu’il “fallait la prendre”, selon l’AFP le mea-culpa du laboratoire Servier est loin d’avoir convaincu les parties civiles, soient 2700 victimes. La fin du procès est prévue en avril 2020.