Comic Con Paris : Seuls, ou le fantastique made in France dévoilé par ses créateurs

Entouré par Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti, auteurs de la série de bandes-dessinées qu’il adapte sur grand écran, David Moreau a présenté son très prometteur “Seuls” au Comic Con de Paris, et rappelé son ambition.

Seuls… mais pas trop. C’est en effet devant quelques 300 spectateurs du Comic Con de Paris que David Moreau est venu présenter son prochain long métrage, en compagnie de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti, les auteurs de la série de bandes-dessinées qu’il adapte. Sans nouvelles images de ce qui pourrait être l’un des grands moments du premier trimestre de 2017, mais avec une bonne humeur et un enthousiasme communicatifs.

Après la projection très applaudie du teaser en haut de cette page, le trio a sans aucun doute conquis son auditoire, en revenant sur divers aspects du projet, de ses origines au travail d’adaptation, en passant par son ambition. On vous résume le tout.

Faire un vrai film fantastique

“Il est important pour les auteurs de conserver leurs droits”, précisent les auteurs de la bande-dessinée lorsque l’origine du projet est évoquée. Et ils en savent quelque chose, eux qui ont vu arriver des offres audiovisuelles au moment de la sortie du tome 3 ou 4 (en 2008 ou 2009). Autant de propositions qu’ils ont refusées. Ou qui sont tombées à l’eau à cause de la fin du premier cycle de l’histoire, qui a autant fait tiquer Gaumont et France 2, intéressés par une série, que le Belge Jaco Van Dormael.

Ce qui n’était pas de la cas de David Moreau, puisque ce fameux twist que nous ne révèlerons pas ici a compté dans son envie de faire ce qu’il qualifie de “film noir et populaire”. Passé par les Etats-Unis pour réaliser The Eye avec son compère Xavier Palud (“une expérience douloureuse, comme quand on est français là-bas”), le metteur en scène est toujours aussi amoureux de leur cinéma “où l’on peut plus se permettre qu’en France de raconter des histoires qui n’existent pas : du fantastique ou de la science-fiction.”

Porté par le succès de la comédie 20 ans d’écart, sa première réalisation en solo, David Moreau a vu le champ de ses possibilités s’élargir et il ne lui a pas fallu longtemps après s’être plongé dans la bande-dessinée qu’un ami lui avait fait découvrir pour qu’il ne veuille la transposer sur grand écran. Avec une vraie ambition : “Faire un vrai film fantastique qui n’essaie pas de faire comme les Etats-Unis, mais pas d’être français aussi.”

On est dans l’époque du dark

Des vingt tomes prévus à ce jour (en sachant que le dixième sortira en librairie le 18 novembre), Seuls n’adaptera que les cinq premiers. Donc le fameux premier cycle, même si quelques éléments de la suite l’ont inspiré. Mais tout a été fait avec le concours de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti, “anges bienveillants” qui ont œuvré en tant que consultants auprès de celui qu’ils décrivent comme “un type assez fou/enthousiaste pour se lancer dans cette aventure”, et avec qui ils partagent les mêmes références ciné et BD.

Mais ce n’est pas pour autant que le long métrage sera un copié-collé de son modèle, puisque quelques libertés ont été prises (mais pas trop). Et c’est ainsi que l’affaissement de la ville a été remplacé par un brouillard visible dans le premier teaser (voir capture ci-dessus), dans la mesure où les moyens mis à la disposition de David Moreau sont moins importants qu’aux Etats-Unis. C’est aussi pour cette raison que les animaux seront moins présents, même si l’on nous promet qu’il en sera autrement si un épisode 2 voit le jour.

Et si vous aimez la bande-dessinée pour ses couleurs et sa légéreté (au début du moins), vous allez être surpris par le film, beaucoup plus sombre : “On est dans l’époque du dark. On darkise tout”, répond David Moreau, qui justifie ce choix par rapport à la gravité du sujet, et au fait que la noirceur lui permet de croire davantage à ce qu’il raconte. C’est aussi pour favoriser cette identification du spectateur qu’il a pris soin d’ancrer le récit dans une réalité française.

Rêve du meilleur film que tu peux faire avec les moyens que tu as

Même s’il a donné plus de place au personnage de Leïla (Sofia Lesaffre), car il avoue avoir toujours adoré les personnages féminins dans les films de genre depuis Sigourney Weaver dans Alien, David Moreau a bien respecté la diversité et la mixité des personnages. Celles-là même qui, comme le révèle Fabien Vehlmann sans donner de nom, avait posé problème à un des éditeurs qu’ils avaient démarché, peu emballé à l’idée que Dodji soit noir, car il craignait que l’empathie des lecteurs n’en pâtissent.

Ça n’a heureusement pas été le cas et le personnage sera incarné par Stéphane Bak dans un film qui, au même titre qu’Arès (en salles le 23 novembre) “a pour but de redonner du souffle à un genre que l’on peut faire en France”, précise le cinéaste qui annonce avoir réalisé ce film en suivant le conseil que lui avait donné John Carpenter lorsqu’il l’avait rencontré aux Etats-Unis : “Ne rêve pas du meilleur film que tu peux faire, mais rêve du meilleur film que tu peux faire avec les moyens que tu as.”

Une bonne manière de résumer ce projet aussi ambitieux qu’excitant et grâce auquel Fabien Vehlmann espère “que David va traumatiser les spectateurs.” Attendus au détour d’un plan, au début, les deux papas de Seuls s’avouent en tout cas impressionnés par la qualité formelle d’un film que nous pourrons découvrir le 8 février 2017. Ou le 25 janvier, car David Moreau avoue tellement aimer le résultat qu’il aimerait le montrer aux gens encore plus tôt. Si ça n’est pas de bon augure…

En avril dernier, “Seuls” s’invitait dans FanZone :

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